Pour le moment, cette partie est à peine ébauchée.
1. D'une manière générale, dans les études
linguistiques traitant du passage du latin à l'occitan, et même du latin
au français, peu de
2. J'ai en général traité
d'un coup les conséquences d'un phénomène dès qu'il s'amorçait (exemple
: la consonification de ĕ, ĭ
en
3. Comme dans tout domaine de recherche, l'étude de la littérature
scientifique laisse apparaître certaines
contradictions et de nombreuses zones d'ombre. La rédaction de
cette partie synthétique met donc en relief ces contradictions et ces
zones d'ombre, et j'ai été contraint à plusieurs reprises d'intégrer des
nouvelles positions d'auteurs, rendant la lecture certainement ardue. Je
pense notamment aux problèmes de la gémination
des consonnes latines devant yod, et de la possible prononciation
/
Parmi les linguistes contemporains qui commentent les grammairiens romains, une habitude fâcheuse a régné et se maintient toujours : celle de citer les passages latins sans jamais les traduire, comme si leur sens était évident pour le lecteur. Si le sens a pu paraître clair jusque vers le milieu du XXe siècle, où les lecteurs étaient supposés bien connaître le latin, c'est bien loin d'être le cas aujourd'hui ; le latin classique est une langue difficile et parfois sujette à interprétation (voir par exemple les traductions de google quasiment toujours erronées). Et même, certains passages latins reconnus plus tard comme corrompus par les copistes car sans aucun sens, ont été cités par des linguistes à l'appui de leurs démonstrations (voir par exemple le passage de Térencien De litteris, 210). De nos jours sur le plan scientifique, l'absence de traduction est donc une lacune importante, quand il ne s'agit pas d'une supercherie. Heureusement, un virage est amorcé grâce à certains auteurs consciencieux qui prennent la peine de traduire les extraits latins : PHL4, RDL,TGALGL...
Dans lexique-provence, j'ai toujours traduit les extraits latins (comme des autres langues). Les traductions du latin sont souvent accessibles de façon complètement dispersée dans la littérature philologique. En général, je tente de confronter plusieurs traductions pour mesurer la fiabilité. Mais parfois aucune traduction n'est disponible ; je propose alors ma propre traduction.
Le latin classique lui-même n'est connu que par un système graphique qui, pour une bonne part, doit interroger.
(ALLRL:1) "On ne saurait trop se défier du système phonologique et graphématique a priori évident de la langue latine, qui, sous couvert d’une orthographe unifiée et littéraire, enferme des obscurités dont on peine à rendre compte. On sait dorénavant, grâce aux travaux de Dressler (1973) portant sur le problème du phonostyle en latin, que l’écrit ne reflète qu’assez médiocrement la réalité articulatoire de la langue parlée [...]".
On dispose de textes écrits sur le territoire de l'Empire romain sur
une période à peu près ininterrompue de 2000 ans, mais dès la période
latine, les systèmes graphiques n'ont sans doute reflété que d'une
manière imparfaite la langue parlée. Les locuteurs ont pu lire pendant
plusieurs siècles des textes latins en les prononçant "avec leur
accent". Les premières étapes de l'évolution de la langue, dans les
premiers siècles après J.-C., sont donc difficilement accessibles alors
qu'elles concernent les transformations les plus radicales. Cependant
dans certains contextes (graffitti : Pomp..., conseils pour "bien parler" : Prob...,
Certains mots du "latin vulgaire", sans doute très employés, n'ont apparemment jamais été écrits : il devait paraître incongru de les écrire, comme il serait incongru d'écrire des mots français familiers ou vulgaires dans les textes officiels ou dans les belles lettres. Ainsi l'origine de certains mots, parfois très courants, est difficile à reconnaître : anar "aller", termes démonstratifs composés latins ayant donné notamment aquò, aquí, aquest (bien que certaines formes fussent écrites par Plaute)... Plaute et Pétrone sont connus pour faire employer du "latin vulgaire", du latin familier voire grossier, par leurs personnages. Leur littérature apporte parfois des indices précieux.
De même, de nombreuses variantes apophoniques cachées de mots latins peuvent être au moins soupçonnées d'avoir existé.
Certains mots semblent passer directement du grec à l'occitan, sans attestation latine.
Il s'agit de mots grecs introduits à partir des colonies grecques de la côte méditerranéenne, qui ont dû passer dans les langues locales souvent avant l'implantation du latin, puis qui sont passés dans le latin populaire du futur domaine d'oc.
agast
botiga
caça 2 (famille de "casserole")
calar
cha (a cha)
dòuça
empurar
estèu
fantauma : voir les histoires de f / p comme dans estubar (voir FEW, sud
de l'Italie) phantasma
gofre, engofrar...
cremascle, crumascle "crémaillère" < kremaster
tautena
tian
trèule (trèfle)
tubar, estubar...
sphaera ?
(remarque pour le ph ancien grec : voir zamponha, pantais, estubar)
(remarque : emprunts anciens à l'italien (probables) : pichòt,
agantar)
Par exemple, voir dérivés de ănĭmālĭăm, pourtant répandus géographiquement aujourd'hui (n-m).
esquilhar "glisser"
L'évolution de la langue latine au cours des siècles est causée par de multiples facteurs, souvent dépendants les uns des autres, parfois opposés et souvent mal connus et mystérieux :
a. L'influence de substrats et de
superstrats (influence des langues existant avant le latin, et des
langues d'envahisseurs parvenant en
b. Le raccourcissement des mots, dans un désir d'augmenter le débit parlé : voir notamment les syncopes et les apocopes.
c. Au contraire, l'abandon de mots latins classiques qui paraissent trop courts, pour adopter des mots plus expressifs : auris est remplacé par auricula "oreille", edō est remplacé par manducō "je mange"...
d. La volonté de simplifier une langue qui paraît complexe : voir notamment réfection des déclinaisons.
e. Le désir d'adopter "un bon parler", "une bonne prononciation", avec le désir d'imiter des élites (politiques, ecclésiastiques, militaires...), ou le désir d'imiter une tendance, une mode.
f. Les réactions d'élites (grammairiens, écrivains...) face à des prononciations ou des constructions paraissant choquantes, déformées par le peuple alors qu'il faudrait conserver "un latin pur", ou une langue telle qu'ils l'ont apprise.
g. Notions de "relâchement articulatoire", "renforcement articulatoire" :
Ces notions me paraissent souvent mystérieuses et artificielles.
Cependant, un phénomène qu'on pourrait
appeler "relâchement articulatoire" a sans aucun doute exercé son action
vers l'an 400 partout dans la
Aussi : PHF-z:56 : (pour le domaine d'oïl) : "Au VIe siècle, s'ouvre une période de relâchement articulatoire (v. spirantisation des dentales p. 64). Les voyelles a, e, o, encore intactes, se déséquilibrent dans leur tenue et la partie finale, non protégée par l'accent, se ferme d'un degré [...]" (voir diphtongaison française).