(Partie en chantier, voir aussi apocope des formes déclinées où ce thème est développé).
L'ouvrage RLHI (pages 185 et suivantes) donne une
excellente base pour comprendre l'évolution des déclinaisons latines
dans les langues romanes.
Voir aussi : locutions médiévales figées de type maire grand, aiga bolhènt.
Les adjectifs latins se divisent en deux classes :
- adjectifs de 1e classe, suivant les modèles de rosa, dominus, templum ;
- adjectifs de 2e classe, suivant les modèles de la 3e déclinaison.
Parmi les adjectifs de la 2e classe, la plupart conservent leur déclinaison (avec évolution) jusqu'à l'AO : grandis, follis, fortis, legalis, regalis, viridis
mais ceux en -er ont très tôt tendance à s'intégrer à la 1e classe : pauper, eris "pauvre" devient pauperus, -a, -um.
(GHLF 2:264, remarque) : "La tendance à donner un
féminin spécial aux
Pour résumer :
Les déclinaisons latines se simplifient pour
aboutir à trois cas, puis deux cas : cas
sujet (<
(Développer les 5 déclinaisons de noms, et les 2 classes d'adjectifs)
1e
déclinaison |
2e
déclinaison |
3e
déclinaison |
||
capră |
mūrŭs |
pānĭs |
||
capră |
mūrŭ |
pānĕ |
||
caprĕ / caprăs |
mūrī |
pānēs |
||
caprăs |
mūrŏs |
pānēs |
Tableau ci-dessus : système reconstruit du système à deux cas en latin populaire (d'après RLHI:188, j'ai rajouté la quantité des voyelles finales)
Cas régime :
Schématiquement, seul le cas régime subsiste aujourd'hui, en occitan
comme en français (et dans les autres langues romanes ?) : c'est le cas
qui a donné la plupart des formes actuelles des noms et adjectifs.
Au pluriel, le -s
provient du -s latin à
l'accusatif dans 1ed.
rosās, 2ed. dominōs,
3ed.
patrēs, 4ed. domōs,
5ed.
rēs. Ce -s
du pluriel est aujourd'hui caractéristique de la
Cas sujet :
Au pluriel, le cas sujet en -i en AO (seulement dans les premiers témoignages écrits) est signalé dans ÉMPACL (p. 35-37) (d'après Comptes rendus in Romania, Charles Rostaing, 1969).
En parallèle de la réduction des déclinaisons, l'usage des prépositions devient beaucoup plus fréquent. Par exemple :
regis > de rege "du roi"
Les utilisations particulières de ăpŭd
(> amé), mais aussi la
créations de nombreuses prépositions combinées sont aussi une
conséquence de la simplification des déclinaisons :
A. Thomas (NPASM) attire l'attention sur l'existence en AO
d'un "nominatif pluriel asymétrique", complètement absent de l'a.fr.. "Asymétrique" doit être compris comme une
différence entre accusatif singulier (CRS) et nominatif pluriel (CSP), alors que le "système classique" montre une
forme identique pour CRS et CSP
(exemple : mur) et une forme
identique pour CSS
et CRP
(exemple : murs).
|
paradigme classique (symétrique)
|
|
paradigme asymétrique
|
||
singulier |
pluriel |
singulier |
pluriel |
||
cas sujet |
auzels |
auzel |
auzels |
auzelh |
|
cas régime |
auzel |
auzels |
auzel |
auzels |
|
|
|
|
|
|
|
Tableau ci-dessus: paradigmes masculins symétrique et asymétrique (cas de auzel < avicellus "oiseau").
En étudiant les textes en AO, l'auteur aborde en fait deux types de formes
CSP causant
l'asymétrie :
-
formes obtenues par dilation de ī final
La dilation
par ī final est aussi connue
pour les "démonstratifs" (voir notamment ĭllĕ
> ĭllī > il).
Voici des exemples : (Boeci) auzil
< ăvĭcĕllī, (source ?)
cabil < căpellī ; la symétrie exige auzel
et cabel. Mais A. Thomas (NPASM:357) estime que "l'l
finale peut être mouillée sans que la graphie accuse ce mouillement". Il
est alors possible que i soit
issu de la fermeture
devant lh.
-
formes obtenues par palatalisation (par ī ?)
À partir notamment de l'étude de LSid, A. Thomas déduit une règle pour ces formes
asymétriques : "Tous les mots masculins (participes, adjectifs ou
substantifs) dont le radical se termine, en latin ou en germanique, par
t,
d
(précédés ou non d'une consonne), II, nn, rn
— et ces mots-là seulement — subissent la palatalisation au nominatif
pluriel : t et d
deviennent h, Il
devient Ih, nn
devient nh, rn
devient rh." (NPASM:355)
Il donne par exemple : (LSid) monh
"mondes", elemenh "éléments",
efanh "enfants", anh
"ans", auzelh "oiseaux" ; (SFoi)
donzeill "damoiseaux".
Il ne signale pas les démonstratifs et les articles, qui me paraissent
suivre la même loi : aquelh, lhi.
Par ailleurs, un problème d'interprétation graphique se pose, sans que
l'auteur ne soulève le problème : formah
(pour format), esperih
(pour esperit), peccah
(pour peccat). A. Thomas parle
de palatalisation, mais comment ce -h
était-il prononcé ? À la façon espagnole comme dans Madrid
? (
Enfin, l'auteur conclut qu'il n'a fait que signaler des faits, et qu'il
convient de les expliquer, dans une étude dont il propose le titre : "du
rôle de l'ī des nominatifs
pluriels latins dans la déclinaison des parlers romans de la Gaule" (NPASM:363). Force est de constater que plus d'un
siècle après sa publication, les pluriels masculins asymétriques n'ont
pas soulevé l'enthousiasme des linguistes, puisqu'aucune nouvelle étude
n'est parue sur ce sujet.
Voir RLHI:193-194. Au nominatif et à l'accusatif, tous
les neutres pluriels latins ont pour désinence
- les neutres de la 2e déclinaison : prātŭm,
-ī "pré" : prātă ;
- les neutres de la 3e déclinaison : tempŭs,
-ŏrĭs "temps" : tempŏră
;
- les quelques neutres de la 4e déclinaison : gĕlŭ,
-ŭ "gel" : gĕlŭă
(mais employé surtout à l'ablatif gĕlū).
Cette caractéristique a mené à une réinterprétation des neutres
pluriels en féminins singuliers de la 1e conjugaison (rosa), dès le latin classique.
mirabilium > mirabilia ; (avec peut-être AO meravẹlh provenant du neutre singulier conservé mirabilium)
morum > mora (> amora, "mûre") ;
opus (neutre) > pluriel réinterprété en féminin singulier opera (> òbra, "œuvre") (idem pour pecus > it. pecora "brebis")
(Columelle) rapum > rapa "navet, rave" in RLHI:193 ;
Par ailleurs, je me demande si une notion de pluriel (sens collectif) n'a pas pu jouer dans certains cas : voir *baccŭlŭm "bâton" > *baccŭlă "ensemble des bâtons, gaulis" > blaca.
Voir suffixe -an.
Des noms de personne de la première déclinaison (en
Exemple :
lat.class. n. m. scrībă, ac. scrībăm
> lat.vulg. n. *scrībă/ā? (1), ac. *scrībānĕm
> AO CS escrivans (1), CR escrivan "écrivain"
(1) En latin vulgaire, je pense que
n. *scrībă/ā? a dû
acquérir rapidement une forme
La part de l'influence de la déclinaison des noms de personne en
- la première couche concerne les mots du latin vulgaire commun (type *scrībānĕm > escrivan, "écrivain") dont l'origine germanique est possible ;
- la seconde couche est représentée surtout en a.fr., ancien
Le paradigme AO CS puta / CR putan, a.fr. pute / putain a une origine incertaine, voir ci-dessous (il faut notamment mieux étudier l'origine de l'italien puttana : ancien gallicisme ou non).
Pour le français,
Le mot masculin lat.class.
naută "matelot" a même pu donner les deux formes accusatives,
en
LPC
|
|
occitan
|
-ăm
> -ānĕm |
> | -an |
|
|
|
ăvĭăm
> ăvăm > ăvānĕm (1) |
|
a.g. aban,
auan, abaa "aïeule, grand-mère" (2) |
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Tableau : évolution -ăm > -ānĕm dans les noms communs.
(1) Pour les régularisations morphologiques du couple ăvŭs "grand-père" / ăvĭă "grand-mère", voir l'étymologie de avi.
(2) Pour l'évolution de v en gascon
Voici les passages clés de Wilhelm Meyer-Lübke (GLR2:27-28) :
"Les noms propres de femmes et les noms qui
désignent des personnes féminines, plus rarement d'autres substantifs de
cette classe, forment, dans le français et le
"Sa limitation aux seules régions contiguës
aux pays germaniques annonce qu'il s'agit ici d'une imitation de la
flexion germanique
"Un phénomène apparenté au précédent
apparaît dans les rares masculins en
[1] L'auteur aurait dû mettre l'astérisque (
Voici l'intégralité du paragraphe de Veikko Väänänen, avec des exemples d'inscriptions latines entrant dans ce schéma (ILV:109 §239) :
« Déclinaison en
Cette déclinaison survit en a.fr.,
ante, antain < amita,
1. J. Jud, Recherches sur la genèse et
la diffusion des accusatifs en
2. REW 6890 pūtus, *pūttus ["enfant"] ;
cette étymologie, étayée par it. putto, putta [REW:515
Concernant les noms germaniques avec changement d'accent (PHF-f2:150, remarque III in fine) :
« Parallèlement [aux noms masculins, type Hūgo
> v.fr.
Hue ; Hūgon > *Hūgōnem > v.fr. Hugon] les noms propres féminins
germaniques en
Enfin, l'article cité ci-dessus "noms de rivières en AIN" dans (EPF:30-50) est important pour l'hydronymie, voir des extraits à -an(2).