Transformation de certaines consonnes initiales
16-09-2023

 

I. Constat


Certains mots occitans ont une évolution apparemment non régulière au niveau de leur consonne initiale. Par exemple : cattŭm > pr.ma., l, g gat "chat" (variante de cat). Cette transformation a l'apparence d'une sonorisation de la consonne initiale. En Gaule à partir du latin, l'évolution régulière de la consonne initiale est : soit sa conservation (cattŭm > cat), soit sa palatalisation (cattŭm > chat, "chat", dĭŭrnŭm > jorn, "jour", gĕntĕs > gènts, "gens"...).


Ainsi de façon générale, en début de mot dans le domaine d'oc (ou certains dialectes du sud d'oïl), certaines consonnes ont apparemment subi des transformations typiques de la position intervocalique :

- sonorisation ;

- pour les muta cum liquida parfois une sonorisation : *clārĕăm > glaira ;

- pour les muta cum liquida cl-, gl-, parfois une palatalisation (> /λ/) (palatalisation de kl, gl).


Le phénomène est très rarement décrit pour le français (1), et pourtant le tableau ci-dessous montre que les cas sont à peine plus fréquents en occitan. Il est probable que le phénomène affectât le domaine d'oc comme le domaine d'oïl.


(1) Voici quelques remarques d'auteurs pour le français (à ma connaissance, aucune explication générale n'est donnée à ces phénomènes en français, on trouve seulement quelques explications au cas par cas) :

- căvĕŏlăm > /gawyòla/ > /gayòla/ > "geôle" : IPHAF:144 : « ce dernier mot est certainement dialectal : traitement insolite de k-, non-diphtongaison de la tonique. » (sans explication sur le "traitement dialectal") ;

- clărĕăm > "glaire" : CNRTL : « g- initial demeure obscur » ;

- crassŭm > "gras" : CNRTL : « La sonorisation de l'initiale, attestée dès le b. lat., est peut-être due elle-même à l'infl. de [grossus] » (le CNRTL s'est trompé : il donne grassus pour grossus, voir DHLF)

- cŭcurbĭtăm > "gourde" : « Du lat. cucurbita, a.f. coorde (à côté de la forme dialectale courge* due à une substitution de suffixe), avec sonorisation du c- initial. »


Pierre Fouché explique aussi au cas par cas les "sonorisations propres au français" (PHF-f3:572-575).






II. Raison possible de l'évolution


A. Mots d'origine latine : cat / gat


Latin cattŭm > pr.ma., l, g gat , pr.rh. cat "chat".


On pourrait tenter d'expliquer chacune des évolutions de ce type constatées en occitan par exemple par des analogies, à étudier au cas par cas (exemple : pour dralha "chemin pour les troupeaux", le CNRTL donne ("draille2") : tralha > dralha e.d.a. "peut-être par influence des dérivés de directiare, très voisin de sens". Mais Jules Ronjat propose une explication commune à toutes les évolutions de ce type notées en occitan (GIPPM-2:61-64) : une alternance (deux formes de mots) selon la position dans la phrase (position syntactique).



a. Alternance sourde / sonore selon la position syntactique

L'évolution de la consonne initiale peut en effet s'expliquer par sa position syntactique : si un mot commençant par une consonne sourde C suit un mot se terminant par une voyelle, alors la consonne C se trouve en position intervocalique, et elle est susceptible de suivre les sonorisations comme toute sourde intervocalique.


Je pense en effet qu'il est possible que la présence de deux formes alternantes pour la plupart des mots à initiale consonantique existât dans un ou des dialectes très anciens, tout comme pour le corse ou le sarde actuels.



Voici la citation de Jules Ronjat : e.d.a.r.o. « Dans un état très ancien de notre langue, les mots à initiale consonantique ont pu avoir presque tous des formes alternantes suivant qu'ils se présentaient dans la phrase : α, isolés, ou en liaison étroite après un mot à finale consonantique ; β, en liaison étroite après un mot à finale vocalique (notamment article masculin le, lo, pluriel li, féminin la, préposition de, a). C'est en général la forme α qui a été étendue à toutes les positions syntactiques ; on trouve cependant, avec une extension géographique variable, d'assez nombreux exemples de β. » (GIPPM-2:61).




b. Alternance cl- / çlh- et gl- / lh- selon la position syntactique

Je prolonge le raisonnement de J. Ronjat pour cl- et gl-.


Pour le type arverno-suisse, on trouve la palatalisation à l'initiale clăvĕm > [ç λ a w] "clé", voir clau (ALF:carte 301. Selon Straka in IPHAF:69, la prononciation est [ɬ a w] en Auvergne. Il semble donc que dans ces régions, la variante "transformée à l'initiale" se soit souvent imposée. Vers l'est de cette bande, le type s'interpénètre avec le type italien cl- > qui- (quiau "clé").


Je ne connais pas de graphème dédié à la notation de ce phonème [ɬ] ou  [ç λ]. Je propose çlh, qu'on peut utiliser si on veut noter "étroitement" la prononciation de ces régions. La çlhau = la clau "la clé".



Dans la même grande région, pour aglan "gland", on a eu une agglutination du -a de l'article, avec des variantes dialectales alhan, lhan (palatalisation de gl intervocalique) (ALF:carte 648).


Pour l'espagnol : clăvĕm > llave "clé". Cependant le cas est différent car en position intervocalique en espagnol, l'évolution est différente : -cl- > -j- (ŏcŭlŭm > ojo "œil").




À continuer.


Pour pl- : il ne semble pas y avoir d'alternance, pl- est conservé jusqu'aux régions de type italien pl- > pi- (cartes ALF 1032 "plein" : pien, 1035 "il pleut" : pià, piòu...). De même pour fl- : fl- est conservé jusqu'aux régions de type italien fl- > fi- (fior "fleur").

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B. Mots d'origine grecque : camba / gamba


- Les mots d'origine grecque avec κ- initial (empruntés en latin, ou en gallo-roman) ont deux aboutissements possibles : k- et g- (GIPPM-1:41).

Par exemple, le doublet camba / gamba s'expliquerait par ces deux aboutissements à partir du gr καμπἠ "kampê" (GIPPM-2:64).


- Pierre Fouché (PHF-f3:569-570) propose quatre explications à cette sonorisation des consonnes initiales quand on passe du grec au latin, pour κ- > g- et π- > b- (mais il ne constate pas de cas pour τ- > d-) :


1. Les occlusives sourdes grecques auraient été articulées plus faiblement qu'en latin.


2. Les mots grecs seraient rentrés en Italie via des dialectes balkaniques, qui sonorisent les occlusives sourdes initiales.


3. De façon semblable à 2., les mots grecs ont pu rentrer en Italie via les zones sicule et sicane, qui sonorisent les occlusives sourdes.


4. Soit dans la région balkanique, soit dans la Grande Grèce, la phonétique syntactique peut favoriser la sonorisation de κ- ou π- lorsqu'ils suivent des mots terminés par une voyelle ou une consonne nasale.


- Concernant πλάτανος (plátanos) > pr blai, FEW 9:36b donne :

(trad.all.) "Selon Hubschmid (communication épistolaire), le type 2 [blazi, blai, bladre, blazèro] est à rattacher directement au grec πλάτανος. Puisque le π- grec n'est rendu par b- que dans les temps reculés en latin, ce type *blátanu peut difficilement être passé par le latin [?]. Il s'agit probablement de l'un de ces mots qui ont été transmis des Massaliotes aux peuples indigènes (Ligures, Gaulois), et qui sont passés de l'idiome de ces peuples au latin régional. Il est vrai qu'il n'y a pas de cas connu, où le grec π- ne soit aussi rendu par le gaulois b-, mais le nombre de ces mots étant très réduit et trop peu d'indices existant pour réaliser des comparaisons, on peut admettre ce point de vue. Le mot vivait à l'origine dans une zone plus large : Provence, Ardèche, Auvergne, Rouergue, aujourd'hui seulement sporadiquement (2a : blazi, blai, bladre), mais aussi dans le catalan blada. b [Aude blazèro] est probablement emprunté à la dérivation catalane voisine bladera plutôt que dérivé en languedocien lui-même.."



C. Mots d'origine germanique : crapaud / grapaud


Germanique *krappa "crochet" + aud > crapaud / grapaud "crapaud" (voir CNRTL).


Le cas est très semblable à celui du grec ci-dessus : e.d.a. "De même, le germanique k pouvait n'être pas articulé comme le latin ou le roman c." (GIPPM-2:64). D'où cropa / gropa "croupe", gratar "gratter", crapa / grapa "grappe", crapaud / grapaud "crapaud", ganivet "canif", crupia / grupia "crêche, mangeoire".

(Il faudrait approfondir les recherches dans ce domaine, notamment dater les emprunts : à l'a.b.fr. : avant l'invasion franque ? liée à l'invasion franque ? plus tard, est-ce possible ? Ce cas est-il forcément différent du 1. et du 2. ci-dessus ?).







III. A-t-on affaire aux sonorisations générales vers l'an 400 ?



J'étudie ci-dessous les mots d'origine latine (pour les mots d'origine grecque et germanique, voir les hésitations juste ci-dessus). 


Les sonorisations de type intervocalique dans la théorie de Jules Ronjat ci-dessus pourraient rentrer dans le cadre des  sonorisations générales des intervocaliques affectant le latin parlé dans la Romania occidentale. Celles-ci datent de l'an 400 environ.


J. Ronjat distingue deux degrés d'intensité dans la transformation, correspondant selon lui à deux phases se succédant dans le temps (GIPPM-2:61-62), mais son raisonnement n'est pas clair. Je réexamine les données ci-dessous au regard des datations modernes.




A. Étude de ca- > ja-



En nord-occitan, certains mots en ja- supposent une évolution à partir du latin en deux phases : ca- > ga-, puis ga- > ja-. Il s'agit de : căvĕă "cage ; cavité" et *cambo- "courbe" (mot d'origine gauloise passé au gallo-roman). Il en est de même pour leurs dérivés : *cambĭtă "jante", căvĕŏlăm "petite cage".


Pour căvĕăm "cavité ; cage" > jàbia, n.d.l. a La Jàvia (04) (GIPPM-2:62, 63) :

La première phase d'évolution ca- > ga- entre nécessairement dans le cadre de sonorisations anciennes, qui peuvent très bien être les sonorisations générales des intervocaliques (vers l'an 400). En effet, le mot échappe à la palatalisation ca- > cha- (elle-même datant de la 1e moitié du Ve siècle). Son évolution a continué (au cours du Ve siècle) : ga- > ja-, peut-être toujours en raison de sa position interprétée comme intervocalique par les anciens locuteurs (devenir du yod provenant de k intervocalique), ou bien simplement par la palatalisation de l'initiale (palatalisation ga- > dja-). Pour căvĕŏlăm > fr "geôle", auv jabiòla, le raisonnement est le même.


Pour les mots d'origine gauloise cambo- "courbe", *cambĭtă "jante", on peut donner les même scénario mais une analogie avec gamba "jambe" est possible. Voir camba / gamba ci-dessus.


Sur ce thème, Prob donne : calatus non galatus.

(je ne sais pas s'il s'agit de calatus d'origine grecque, ou de calatus d'origine latine).


Conclusion : il semble bien qu'on puisse rattacher ces cas à une sonorisation de type intervocalique vers l'an 400.




B. Étude de cl- > gl- et cr- > gr-



Certains mots présentent une évolution de la consonne initiale non conforme à une évolution intervocalique régulière dans la Romania occidentale : *clārĕăm > glaira "glaire" et *clŏdĭŭm > gloch "glui, paille de seigle servant à divers usages" (GIPPM-2:62). Si l'évolution avait suivi la même voie que măc(ŭ)lăm > malha, on aurait les aboutissements : lhaira et lhòch (palatalisation de -cl-).


Ces mots avec initiale lh- sont rares en AO mais ils existent. Je pense qu'ils ne sont presque pas répertoriés dans les dictionnaires ; mais ils apparaissent dans les atlas linguistiques (voir (a)lhan "gland", clau [ç λ a w] , [ɬ a w] "clé" ci-dessus).


(remarque : souvent les mots en lh- répertoriés en AO proviennent du latin l-)


(En espagnol, on a : clāmāre > llamar, etc., mais aurĭc(ŭ)lăm > oreja, aspect à étudier).



Pour crātīcŭlăm > grasilha "grille", Jule Ronjat (GIPPM-2:62) veut dire qu'on aurait dû obtenir /yra-/ en début de mot conformément à sacramentum > sairement > serment. Mais l'évolution du groupe -kr- est complexe et en occitan, l'évolution -kr- > -gr- existe (măcrŭm > magre). De plus, comment aurait évolué un mot commençant par /yra-/ ?


D'autres mots sont dans ce cas : crābrōnĕm > graule "frelon", crātĕm > grasa "claie", crētăm > greda "craie".



Pour Claudĭŭs > Glaudi : le prénom est issu de la voie savante (par la voie populaire, on aurait obtenu Clauje, voir -dĭŭs > -ge) ; on aurait donc tendance à conclure que la sonorisation Cl- > Gl- est tardive. Mais ce n'est pas si simple : le prénom a pu être utilisé de façon ininterrompue au cours des siècles, et l'initiale a pu être sonorisée à la même époque que pour *clārĕăm > glaira ci-dessus. L'utilisation traditionnelle de l'article devant le prénom a pu favoriser la sonorisation : lo Claudi > lo Glaudi "le Claude" (voir aussi dans les dialectes d'oïl "le Glaude"). Ce serait donc une évolution demi-savante (par la voie populaire, -dĭŭs donne -ge).


Concernant les autres prénoms Carle, Clemènt, Catarina..., ils ne sont pas connus avec une initiale sonorisée.


Il faut remarque que ecclēsĭă "église" a une évolution semblable :


ecclēsĭă(m) > ecclĕsĭă(m) /ekklesya/ "église" (d'après NDSAF:18-19, développé)

> (IIe s. : palatalisation de s avec i diphtongal et diphtongaison conditionnée) /ékkli̯ès'a/

> (première moitié du IIIe siècle : la palatalisation -cl- > -λ- n'a pas lieu en raison de la gémination de c)

> (VIIe siècle ? : dégémination de c) /ékli̯èi̯sa/

> (sonorisation tardive ?) /égli̯èi̯za/

> ...

> oc. gleisa, fr. "église". (En oc., date de la déglutination de l'article à étudier mais elle est sûrement très ancienne, voir it chiesa, mais esp iglesia, cat església).




Conclusion : il est possible que *clārĕă, *clŏdĭŭm, Claudius aient échappé pour une raison ou une autre à la palatalisation de -cl-, puis aient subi la sonorisation vers l'an 400. 


Crātīcŭlăm a peut-être suivi le même type d'évolution, mais la situation est encore moins claire.







C. Étude des autres cas


Pour les autres cas, on peut simplement dire que la consonne initiale a très bien pu être affectée au moment des sonorisations générales dans la Romania occidentale (vers l'an 400). On peut citer : portŭlācăm > bortolaga, cattum > gat, *conflārĕ > gonflar... Pour căvĕă > gábia "cage", on a un argument en plus : on peut supposer que son évolution s'est faite en même temps que l'évolution căvĕă > *gábia en domaine nord-occitan (ci-dessus), donc pendant la phase ancienne vers l'an 400.



Garròta "carotte"

Les variantes oc carròta, garròta, carlòta, de même que le fr "carotte" sont sans doute issus d'un emprunt du XIVe siècle au latin cărōtă (lui-même emprunté au grec καρωτόν "karōtón"). Cet emprunt se serait réalisé au moment où la plante a été remise en culture (FEW 2:397b). En effet, les traitements de ō, t latins ne sont pas réguliers et sont calqués sur le latin écrit ; de plus on n'a pas d'attestation écrite en AO ; première attestation en  a.fr. : garroite en 1393. Dans ce cas l'évolution ca- > ga- dans oc garròta, a.fr. garroite reste difficile à expliquer : analogie, par exemple sur garròt ?




D. Conclusion : des sonorisations probables


La plupart des transformations des occlusives à l'initiale sont compatibles avec une sonorisation vers 400 après J.-C., sans doute dans un contexte d'alternance sourde / sonore selon la position syntactique.





IV. Tableau des cas de sonorisations à l'initiale


latin

occitan

français
bèbru(m) / fibru(m)

vibre

bièvre (castor)
*cambĭtă(m)

Can ganta,
AO genta...

jante
*cambo-...

gámbis "collier de brebis"
-
cattŭ(m)

pr.ma., l, g gat

chat
căvĕă(m)

gàbia, jàbia, jàvia

cage
căvĕŏlăm
gabiòla, jabiòla

geôle
clāră(m)

quer glara "blanc d'œuf"
-
*clārĕă(m)

glaira

glaire
*classŭ(m)

clas

glas
Claudĭŭ(m)

Glaudi...
Claude (dial Glaude)
*clŏdĭŭ(m)

glòch (1)

glui (1)
*cofia ?

gòfa (còfa)

coiffe
*conflā

gonflar

gonfler (e.o.)
cŏrbĕ(m), cŏrbĭcŭlă(m)

gòrb, gòrp, gorbelha...

corbeille
cŏrvŭ(m)

gòrb, gòrp... augm. gorpatàs, gropatàs

corbeau
crābrōnĕ(m)

l, g, d, rouerg graule (graulet, graulon...)
"frelon"

-
crassŭ(m)

gras

gras
*crassĭă(m)

graissa

graisse
crātĕ(m)

grasa "claie" (2)
-
*crātālĕ(m)

grasau (2)

(grand plat ; graal ?)
crātīcŭlă(m)

grasilha (3)

grille
crētă(m)

greda...

craie
crŏcŭ(m)

AO grǫc, gruoc, gruec...

(crocus "jaune")
cŭbĭtŭ(m)

niç gove

coude
cŭcŭrbĭtă(m)

mon04 gorja, rou goja (4)

gourde, courge (4)
glăndĕ(m)

(a)lhan

gland
plătănŭ(m)

blai "érable à feuille d'obier"
voir "plane"
portŭlācă(m)

bortolaiga

(pourpier) (5)
prŭīnă(m)

bruina

bruine
gr συμφωνἰα
(symphonía)

zambonha "cornemuse"
-
*tarască(m)> *trasca

AO drasca "serpent cornu"
(infl. de dragon ?)

voir "tarasque", animal fabuleux
trăgēmă(m)

dragea

dragée
*trăgŭlā

dralhar > dralha "chemin pour les troupeaux"

"draille" (e.o.)
trāgŭlă(m)

dralha "corde d'un bac"

traille "corde d'un bac"
*sūk

AO zuc (suc)

(sommet, crâne)





Tableau ci-dessus : mots occitans à consonne initiale sonorisée (et assez souvent sonorisée en français). Seules les variantes dialectales à consonne initiale transformée sont données dans le tableau ; souvent il existe des variantes du même mot sans transformation. Seuls sont donnés les mots d'origine latine et gauloise ; pour les mots d'origine grecque et germanique, voir ci-dessus : camba / gamba, crapaud / grapaud.


(1) *clŏdĭŭ(m) > "glui", "paille de seigle servant à lier la gerbe de blé" (je l'ai entendu dans l'Yonne).
(2) crātĕ(m), crātālĕ(m)> grasa, grasau : s irrégulier (on attendrait d). Probablement évolution parallèle à grasilha ci-dessous.
(3) crātīcŭlă(m) > grasilha : le s est expliqué à t > /z/.
(4) cŭcŭrbĭtă(m) > gorja, goja : ces deux variantes sont données dans GIPPM-2 (p. 85), mais les variantes non sonorisées à l'initiale sont majoritaires de façon écrasante en occitan (cocorda, cogorda...) alors qu'en français, on a "gourde", et "courge" ; cette dernière serait dialectale (CNRTL à "gourde").
(5) "pourpier" < *pullipedem.


Cas de spirantisation :


galda > iaula "gaude". À approfondir.