Cette partie est une ébauche ; voir aussi dans la partie "Mots
composés" Noms
composés
de lieux.
Comme pour de nombreuses régions
françaises, les noms de lieux de Provence sont très souvent corrompus
(faussés) par méconnaissance et mépris pour les langues
régionales. Le travail des cartographes en est souvent à l'origine :
ceux-ci ne comprenaient souvent pas le sens des toponymes qui leur ont
été indiqués, mais aussi ils ont souvent été négligents et ont commis de
très nombreuses erreurs. Certes ces corruptions procèdent d'un mécanisme
pluri-millénaire de l'appropriation des noms de lieu d'une culture
dominée par une autre, mais l'objet de lexique-provence est justement,
entre autres, de rétablir des vérités historiques sur les noms de lieux.
Remarque :
La corruption des noms de lieux est dépassée
en gravité par le remplacement
des toponymes : les toponymes provençaux oubliés se comptent sans aucun
doute par dizaines de milliers et sont remplacés par des toponymes
"parachutés" : "rue Victor Hugo", "Résidence L'Orée des remparts"...
Les erreurs sont de plusieurs types :
- Erreurs phonétiques ("les Opies" pour leis Aupilhas, "Le Villanchier" rou84 pour Lo Valanchier)...
- Mauvaise traduction : "Les Moines" rou84 pour La Monja "La Moniale" (on aurait pu écrire "La Monge")...
- très fréquemment, mauvaise traduction de la préposition de en "des" : "Rocher des Doms" pour Ròca de Dòm avi84, "moulin des Roberts" pour molin de Robèrt gou84...
- Adaptations paronymiques (il n'y a aucun effort de traduction, mais simplement une retranscription des noms avec des mots français dont la sonorité est semblable au toponyme provençal) :
- "Les Trois Faux" pour Lei Tres Faus "Les Trois Hêtres"...
- avec mécoupure : "Pas-des-Lanciers" pour Pas de l'Anciá...
- Disparition de l'article ("Crestet", "Rasteau", "Villars", "Buis-les-Baronnies" pour Lo Crestet, Lo Rastèu, Lo Vilar, Lo Bois ; également fréquent en microtoponymie : "Tartuguière" gar84 pour La Tartuguiera... ;
- Transformation de l'article : nombreux exemples en microtoponymie : "Les Moines" rou84, "Les Franques" rou84 pour La Monja, La Franca... (de plus, "Les Moines" sont mal traduits de La Monja "La Moniale") ;
- etc.
De ce fait, il faut prendre énormément de précautions pour écrire un
nom de lieu dans un dictionnaire. Si les noms de lieu les plus célèbres
sont à peu près éclaircis sur le plan orthographique, seule une enquête
auprès des derniers provençalisants peut fournir la façon d'écrire un
nom de lieu de façon juste. On doit hélas faire le triste constat qu'une
grande quantité de noms de lieux resteront toujours faussés, écrits dans
les cadastres, et qu'une autre immense quantité sont perdus à jamais,
car ils n'ont jamais été écrits et ils ont été perdus dans la mémoire
des gens dans les dernières décennies.
Les normalisations lexicales
peuvent aussi mener à une perte de la véritable prononciation locale :
le PCLO:54 donne "Puèglaurenç
[pɛlljaurens]" pour Puylaurens (81).
Ainsi on ne doit pas négliger le risque de perdre la prononciation
locale [pɛlljaurens] lorsqu'on tente d'écrire de façon très normée.
Noms de communes à compléments poético-touristiques :
On peut distinguer deux cas :
- le complément permet de distinguer des communes du même nom ;
les appellations sont légitimes dans Mallemort (de Provence) /
Malemort-du-Comtat ; mais dans Cordes-sur-Ciel / Cordes-Tolosannes, le
premier est d'origine poético-touristique. Il faut remarquer que
certaines communes ont leurs homonymes, sans qu'un complément leur soit
attribué, et vivent bien : Roussillon (Vaucluse) et Roussillon (Isère).
- il n'existe pas d'ambiguïté d'homonymie avec une autre commune : Sanary-sur-Mer, Six-Fours-les-Plages, Bormes-les-Mimosas, Juan-les-Pins (commune d'Antibes), Hyères-les-Palmiers, Palavas-les-Flots sont affublés de compléments inutiles et parfois ridicules. Les véritables noms sont Sant-Nari ("Saint-Nazaire"), Sièis Forns, Bòrmas, Gòu Joan (Gorjan), Ieras, Palavàs. Les graphies françaises Sanary, Six-Fours, Bormes, Golfe Jouan (Gourjan) (et non Golfe Juan), Hyères, Palavas sont correctes.
Régions
Toutes les appellations de régions, ainsi que les territoires qu'elles recouvrent, sont certainement jalonnées de ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui des distorsions, des abus de langage ou des injustices, notamment au cours des agrandissements et des réductions d'entités administratives, à la faveur de conquêtes violentes ou moins violentes... Cependant, comme il est mentionné dans l'esprit du site, il convient ici de corriger des erreurs récentes et des appellations abusives.
Noms de régions poético-touristiques :
De nouveaux noms de régions sont apparus, dans une démarche poético-touristique ; ces appellations mènent souvent à des distorsions de la réalité historique, d'abord car leurs territoires se superposent à ceux qui avaient déjà un nom.
- la série des "Côtes" recouvre aujourd'hui la plupart des côtes de France (Wikipédia) ; pour la Méditerranée les appellations poético-touristiques sont "Côte d'Azur" (1887), "Côte Bleue" (années 1970 ?), "Côte Améthyste" (quand ?), "Côte Vermeille" (1912). La notoriété de "Côte d'Azur" a mené à créer la région "Provence-Alpes-Côte d'Azur", qui laisse penser que "Côte d'Azur" est un territoire différent de la Provence, alors qu'il y est inclus.
- la "Drôme provençale" est une appellation datant de la fin des années 1980 (Wikipédia) ; c'est une appellation fautive à intérêt touristique jouant sur l'image positive de la Provence, mais historiquement, la Drôme appartient au Dauphiné et non à la Provence. À la lecture de nombreux articles comme ceux de Wikipédia, la "Drôme provençale" a tendance à repousser ou à effacer les vraies régions des Baronnies, du Tricastin et de la Valdaine ; "en Drôme provençale" est souvent mentionné à l'entrée des communes. L'erreur s'est prolongée dans le "Parc des Baronnies provençales", créé en 2015. Comme conclut Christophe Gauchon (ITMLT) dans son résumé : "En convoquant la Provence, les Baronnies mobilisent un imaginaire réputé flatteur mais le territoire ne risque-t-il pas de payer sa promotion par une certaine banalisation ? La mise en marque, aussi prestigieuse soit-elle, ne se fait-elle pas au détriment de la singularité du territoire ?".
En français, le choix entre "Luberon" [lub
En occitan, les prononciations avec [
Dans le sud-est de la France pour les noms de lieu, il y a eu
visiblement une habitude de "traduire" [é] provençal
Les noms français de Cadenet, l'Esterel, Graveson,
Ensuès-la-Redonne, Le Revest (plus.comm.), Lédenon, Vauvenargues,
Velleron, Venelles, Venasque, ont un [
Même les noms de lieu qui ont l'accent circonflexe en français (Bédoin,
Courthézon, Sénanque) sont prononcés avec [