Lexique-provence est né d'un désemparement : le désemparement d'un citoyen face à la disparition de la langue qu'employait son grand-père. Il est né d'une prise de conscience. Au cours de la vie d'un provençal né dans la seconde moitié du XXe siècle dans un milieu encore proche de la terre, la curiosité amène à comprendre, par étapes, par touches, ce qu'est le provençal, ce parler utilisé par tous les anciens de la campagne. À l'opposé, la non-curiosité n'amène à rien, elle amène à non-prise de conscience, et à la perte irréversible de la langue d'oc : le fil de transmission, deux fois millénaire, est alors rompu, et le provençal devient mort. Alors il devient mort presque sans qu'on s'en rende compte, puisqu'on n'est pas curieux : on ne peut pas se rendre compte de ce qui disparaît si on en ignore l'existence.
Si le curieux poursuit ses recherches, en démêlant l'écheveau des discours et des représentations mentales, il comprend qu'un travail sur une langue régionale peut se faire sous des angles très différents, même opposés. Il convient alors de travailler dans un bon esprit, avec de bonnes méthodes. Ci-dessous je présente "l'esprit du site".
Lexique-provence a pour objet de proposer une référence scientifique pour le provençal, à partir de la bibliographie et d'enquêtes orales. Il tente de fournir en ligne des données très facilement accessibles et bien rangées. Il est constitué d'une partie lexique, d'une partie linguistique historique, et de points de grammaire.
Lexique-provence accorde une place majeure à la recherche (lexicographique, dialectologique, étymologique). Pour cela, les sources sont toujours données (bibliographiques, orales), et j'emploie souvent la première personne pour exposer mon opinion ou ma déduction, dans un but de clarté.
Qu'est-ce que le provençal ? Qu'est-ce que la langue d'oc ? Qu'est-ce que l'occitan ? Qu'est-ce que le patois ? Ces questions soulèvent plusieurs problèmes.
Le provençal est considéré
comme un dialecte de la langue d'oc,
ou occitan. Cette classification est parfois critiquée, certains
voulant voir dans le provençal une langue à part entière. Le mot
"occitan" est parfois suspect, il est souvent pensé comme la langue de
l'autre côté du Rhône, le languedocien, la langue de la région
Occitanie, avec des quiproquos à n'en plus finir. Voir la classification
linguistique dans dialectes
et sous-dialectes. En fait, l'intercompréhension est assez bien
assurée (j'exclurais le gascon), des Alpes à Toulouse, notamment si on
sait que [v] se prononce [b] à l'ouest. On pourrait parler de
GIPPM-1:6 § 4 r.g.f. « Entre l'Océan, les limites N. et E., la Méditerranée et la la limite S. de notre langue [...] un homme de Marseille, de Toulouse, de Pau, etc.. peut partout, en parlant son langage naturel, être compris par les indigènes, et peut partout comprendre le langage naturel de ceux-ci, et un homme d'Orléans, de Lyon, de Milan ou de Saragosse ne peut ni être compris ni se faire comprendre. »
Patois est simplement le mot pour désigner les formes locales des langues ; ce mot véhicule parfois du mépris. Souvent les provençaux qui parlent un provençal authentique disent : "Vous savez, je ne parle pas le vrai provençal (de Mistral), je parle seulement le patois." Il y a là un quiproquo fâcheux ; le provençal de Mistral, issu du peuple mais assez artificialisé, académisé, littérarisé, avec ses codes, ses formules entretenues par un milieu de lettrés, n'est parfois plus reconnu par les gens du peuple eux-mêmes. Il faut préciser que "le provençal de Mistral" est plutôt le provençal du félibrige, et je ne sais pas si Frédéric Mistral a vraiment souhaité cette évolution. Son dictionnaire, le TDF, ne donne pas cette impression. Un phénomène semblable a dû se produire au Moyen Âge avec la langue des troubadours, qui s'est extraite de l'AO du peuple. Ici je considère que le véritable provençal est celui qui se parle (se parlait) dans chaque famille rurale de Provence, où il a été appris par tradition orale. Les familles urbaines ont perdu la tradition orale depuis de nombreuses générations. Ceux qui ont conservé le provençal sont d'abord les paysans, mais aussi les pêcheurs, les maçons, les vanniers et autres artisans de la campagne, il faut leur rendre hommage ici.
Je pense qu'il faut changer de référentiel mental quand on passe d'une langue officielle à une langue non officielle. La langue d'oc n'est pas une langue officielle, une langue normalisée comme le français actuel, ou l'italien, ou l'espagnol. Le lexique français et la grammaire française sont les produits d'une très longue histoire politique d'unification d'un pays, de centralisation, d'élaboration d'une langue auréolée d'un prestige, la langue des rois de France (voir NDF).
La langue d'oc n'a pas une telle histoire ; ou plutôt elle a connu une histoire analogue, mais qui n'a pas duré dans le temps comme pour le français. Il n'y a jamais eu un pouvoir assez puissant, une académie au service d'un pouvoir politique fort pour décider du bon parler et de la bonne orthographe de l'occitan, et pour imposer cela de façon aussi rigide que pour le français.
Cela a une conséquence : le provençal est un système linguistique riche et complexe. Au premier abord on peut avoir l'impression qu'il est assez simple car beaucoup de mots ressemblent au français, parfois à l'espagnol ou à l'italien. En réalité le lexique est complexe, avec des variations géographiques. Parler le provençal du terroir est difficile : il faut avoir parlé avec les gens pendant très longtemps. De plus, certains aspects grammaticaux sont conservateurs par rapport au français actuel, comme l'emploi du passé simple et du subjonctif imparfait à l'oral. Lexique-provence fait apparaître le provençal dans cette complexité.
Cette richesse et cette complexité, surtout les variations géographiques, les variantes dialectales, peuvent déranger. Elles semblent être un handicap simplement pour faire un dictionnaire, ou pour l'avenir de la langue. Mais lexique-provence les considère comme un champ immense et passionnant, et une opportunité pour étudier l'histoire de la langue. Cela donne aussi une autre couleur à la langue, la couleur de la diversité des parlers occitans, la possibilité de déterminer la provenance géographique assez précise de celui qui parle.
Pour illustrer ma réponse, je présente ci-dessous deux opinions opposées.
Parmi les provençalistes — ceux qui défendent le provençal —, nombreux
sont ceux qui estiment que le provençal est parfaitement connu, que
Frédéric Mistral a fait le dictionnaire parfait (TDF).
"La langue de Mistral" est la norme, et le "patois" des anciens n'a pas
d'importance, il n'existe pour ainsi dire pas. Certains se réunissent
pour concentrer les efforts de lexicographie sur les nouveaux termes
scientifiques et techniques afin de proposer des mots "typiquement
provençaux", en évitant les anglicismes et les
(RLO:12) "Les tenants de la graphie mistralienne posent par principe que tout a été réglé par Fréderic Mistral (alors même que cette graphie présente de très nombreuses incohérences) et que le travail de recensement des vocables hérités a été fait une fois pour toutes. Le courant félibre fonctionne donc toujours avec le dictionnaire inchangé de F. Mistral, non harmonisé, non enrichi des milliers de vocables que l’auteur n’a pas pu recenser puisqu’il était seul à faire ce travail de titan. [...] Le courant occitaniste fonctionne avec le dictionnaire d’Alibert, mauvaise et pâle copie de celui de Mistral (mais en graphie classique), éternellement réédité non corrigé, quelques dictionnaires encore plus réduits que celui d’Alibert (sauf celui de C. Rapin ou de Cantalausa) et faits par des auteurs peu au fait des lois de la lexicographie et des problèmes d’incohérence à résoudre."
La position des "nombreux provençalistes" ci-dessus a conduit à des situations paradoxales : dans certains villages du Vaucluse, des "enseignants" ont donné, ou donnent encore des "cours de provençal" sans s'intéresser aucunement au parler même du village, et en important "la langue de Mistral". Les quelques anciens qui ont fréquenté ces cours m'ont fait part de leur désarroi ; alors que moi-même je parlais avec eux la langue qu'ils connaissaient (selon eux).
- Le TDF
Le dictionnaire de Frédéric Mistral est une œuvre majeure, à laquelle je me réfère pour chaque article du dictionnaire dans lexique-provence. F. Mistral a travaillé dans un esprit ouvert, avec une vision de lexicographe moderne et sans excès de normalisation. La richesse lexicale et sémantologique, les variantes dialectales, les conjugaisons qu'il donne sont plus fiables et plus complètes que tout autre dictionnaire provençal.
(Remarque : le FEW est sans doute davantage fourni sur les variantes dialectales et la sémantique).
- Les limites des dictionnaires existants
Tout lexicographe, ou simplement tout curieux du provençal, se
confronte rapidement aux limites du TDF. De façon générale, certains dictionnaires
provençaux sont très utiles, et sont abondamment cités ici. Mais ils
présentent souvent des listes de
synonymes, avec peu ou pas de précisions sur la géographie.
Cela est un frein important pour apprendre
la langue. Surtout pour parler une langue « authentique »,
« sans scrupules », sans malaise. Tel mot est-il employé à tel
endroit ? Tel mot est-il artificiel, imposé par une norme académique ?
Tel mot est-il un
- La notion d'attestation
L'adjectif « attesté » est particulièrement apprécié dans le site : tout le vocabulaire donné ici est attesté de la façon la plus directe possible, en des terroirs précisés, plus ou moins vastes. La plupart des citations dont la commune est mentionnée ont été enregistrées, à partir d'enquêtes orales réalisées, le plus possible, auprès de ceux qui ont le provençal pour langue maternelle ou qui ont pratiqué le bilinguisme (provençal-français) très tôt.
- Compléter le TDF
L'œuvre du TDF doit être continuée, quasiment dans le même esprit que son auteur. Les termes modernes scientifiques et techniques sont un aspect mineur des efforts à mener dans la lexicographie provençale. Il existe encore des locuteurs âgés qui connaissent de multiples aspects de la langue non recensés dans le TDF ou les atlas, et c'est une immense erreur d'ignorer les sources orales qu'ils représentent. Un des buts de lexique-provence est de restituer ce vocabulaire oublié qui est resté oral jusqu'à nos jours ; certains éléments de ce vocabulaire ont été transmis pendant deux mille ans de génération en génération, sans jamais avoir été recensé (voir par exemple costar, miar, sauvida). Bien sûr enregistrer des personnes âgées qui détiennent le vrai savoir, exploiter les enregistrements et les publier ici demandent un réel effort et des milliers d'heures de travail.
- Les atlas déjà réalisés avec de grands moyens (ALF, ALEP...) permettent de progresser remarquablement, mais il faut les exploiter de façon méthodique.
- Les noms de plantes, d'animaux, les noms d'outils..., sont souvent mal connus car ils nécessitent un travail énorme de collectage, et des enquêteurs compétents. Les noms de lieux sont globalement très mal connus (voir Toponymie).
- Se méfier des mauvaises sources
Il faut se méfier sans cesse des mauvaises sources, des corruptions, des informations déformées, des "vérités" assénées par des gens qui s'estiment savants, alors qu'ils n'ont jamais pratiqué le provençal si ce n'est en parcourant quelques livres. Le cas est particulièrement choquant pour les noms de lieux, car on les emploie tous les jours en français. Une grande majorité des véritables noms de lieux provençaux ont été oubliés ou éradiqués, et beaucoup ont été faussés (Toponymie). Mais tous les domaines de la langue sont concernés. Voir l'enregistrement : n'i a la mitat dei causas que leis an virats à "virar". (Voir par exemple ci-dessous l'écueil de la distanciation maximale occitan-français).
- Les moyens modernes (enregistrements numérisés...) doivent être utilisés pour mieux connaître et mieux transmettre la langue.
- Enfin un gros travail de centralisation des données doit être fait, ce qu'entreprend le site ici.
En linguistique, une norme est l'ensemble des « règles définissant ce qui doit être choisi parmi les usages d'une langue, ce à quoi doit se conformer la communauté linguistique au nom d'un certain idéal esthétique ou socio-culturel, et qui fournit son objet à la grammaire normative ou à la grammaire au sens courant du terme » (CNRTL "norme").
On peut distinguer plusieurs aspects dans la norme (graphique,
phonétique, lexicale...). En accord avec les idées développées plus
haut, il faut préciser que lexique-provence ne présente pas un
"dictionnaire normatif" ; c'est même le contraire, puisqu'il
retranscrit la parole des locuteurs, et qu'il tente de recenser tous les
mots avec leurs variantes dialectales. Mais il respecte les
préconisations de PCLO et utilise les
Remarque : La plupart des occitanistes refusent la prédominance d'un dialecte occitan sur un autre. « On distingue : l'occitan méridional (languedocien, provençal), le nord-occitan (limousin, auvergnat, vivaro-alpin) et le gascon. Aucun de ces dialectes ne peut se prévaloir d'une quelconque supériorité sur les autres ; il n'y a pas un "occitan par excellence" (note : qui serait, par exemple, le languedocien) : tous les parlers se valent. Le catalan, quant à lui, est une langue très proche de l'occitan » (GP).Pour les subdivisions du provençal, voir ici.
Mentionnons aussi que la plupart des occitanistes ne recherchent pas une normalisation orale, mais une normalisation écrite (source ?).
Au cours du Moyen Âge, une sorte de miracle s'est produit : l'apparition d'une scripta, d'une graphie assez normalisée, propre à la langue d'oc. Certains traits de cette graphie seront repris par le portugais (lh et nh). Cette graphie a fondé la norme classique actuelle (graphie « alibertine », « occitane », et non « mistralienne » influencée par la graphie française), révisée en 2007 dans le document PCLO (accessible ici ; archivé dans le site ici).
Pour résumer à outrance : le o
et le ó se prononcent
« ou », le ò se
prononce « ò » (o ouvert) ; beaucoup de consonnes finales ne
se prononcent pas, du moins dans la majorité du
Dans le site, la norme classique est respectée ; cependant je présente des aménagements qui m'ont semblé nécessaires :
- Concernant e nasalisé, lexique-provence préconise de conserver la distinction étymologique entre én et èn pour le provençal, car ce dialecte est très conservateur sur ce point (voir prononciation de en, én, èn).
- Concernant les mots composés, je propose des réajustements et des précisions : voir Mots composés.
- Pour la retranscription des enregistrements, j'écris « étroitement » les paroles des locuteurs, c'est-à-dire que les mots sont moins normés, j'utilise moins les formes référentielles, et davantage les formes étroites. Par exemple, selon le locuteur, je retranscris amé, emé, omé "avec", et non ambé.
De nombreux mots français se sont introduits en occitan, à des époques
diverses. Dans ce processus, le rôle politique du français a sans doute
joué un rôle important, mais il ne faut pas oublier que de nombreux mots
occitans sont aussi passés au français ("abeille", "cigale", "escalier",
etc.). Le départ des mots occitans et français est parfois difficile,
avec des
Comment écrire un mot français passé à l'occitan ? Le problème est
souvent épineux ; certains auteurs ont décidé de condamner des formes
comme velò, soar, voatura (francismes pour "vélo", "soir",
"voiture"), et les qualifient de "monstres linguistiques" (RLO:14, DOGMO "w") ; mais ces auteurs ne sont pas
confrontés à la retranscription étroite d'un dialogue. Le cas des
Les formes provençales de "patois" peuvent de même s'écrire patoàs, patoés. Il s'agit vraisemblablement de francismes anciens (CNRTL "patois"), et la forme occitane patés proposée en forme référentielle (TDF "patés", DOGMO "patés") est litigieuse (est-elle vraiment d'origine populaire, ou provient-elle d'une hypercorrection savante ?).
Je parle ici des formes variables provenant d'un même
On peut reconnaître plusieurs procédés pour définir une forme référentielle provençale en graphie classique :
1. L'étude de l'étymologie.
2. L'étude de l'étendue territoriale des variantes dialectales.
3. L'étude des usages anciens de la langue écrite.
4. L'étude des « règles de passage » d'une région à l'autre (par exemple cabra/chabra "chèvre").
Cependant, les études ci-dessus sont parfois lacunaires, ou
aboutissent à des résultats contradictoires. Par exemple, pour
« geler », DBFP-92, DBFP donnent gelar [è/e] ; DPF donne : gelar, et aussi jalar
: voir gelar, le TDF donne gela, suivi des autres
variantes. Or dans le
L'évolution du latin à l'occitan est étudiée à :
Ces parties constituent des outils qui permettent notamment de
distinguer des mots typiquement occitans des
De par sa longue période d'influence française, la langue occitane a
assimilé nombreux éléments français. On parle de
Je parle ici des formes lexicales vraiment différentes, comme dans le
Par exemple dans le
Comme ci-dessus pour la norme graphique, si certains lexicographes désirent ériger une forme lexicale en forme référentielle, il convient de le faire avec une extrême prudence et une étude linguistique approfondie. Choisir une forme référentielle lexicale est un acte "violent", et dans le site je n'en propose pas. L'intérêt est somme toute limité et cela met à mal la diversité de la langue, son essence même de langue complexe.
Cela dit, je conçois que certains ouvrages en aient besoin, par exemple pour constituer une sorte de catalogue : "liseron des champs" se nomme ainsi en provençal.
Les élites occitanes sont entrées en réaction face aux pénétrations de francismes. Il est en effet salutaire d'éviter les "francismes" quand il existe un mot typiquement occitan encore employé (voir par exemple digerir / digerar).
Mais cette réaction a pris des formes excessives, qui ont mené à des formes à éviter absolument.
Ce problème est bien présenté dans DOGMO:77 : "Nombreux sont ceux qui refusent tout ce qui peut ressembler de près ou de loin au français, et pratiquent la recherche systématique de la distance maximale / du contraste : atencion, director, tutor, piscina, gestion, autant de mots qui ne sont pas des francismes, mais pourtant radicalement censurés par certains usagers ou enseignants au nom de "leur manque de contrastivité", donc "manque d'authenticité" pourtant fictif."
DOGMO:78 : "Friandises lexicales savoureuses donc "authentiques" qui rassurent l'usager dans sa certitude de bien parler/écrire, contre régistre trop neutre pour être honnête... Nous avons entendu certains de nos étudiants en formation se réjouir du fait d'avoir trouvé ou entendu une traduction pour un terme technique, forcément authentique puisque sans rapport avec le français ; nous avons été obligée de rectifier ces préjugés, à leur grand étonnement. De nombreux mots ont été ainsi abusivement calalogués ou ressentis comme des "francismes" : nous avons trouvé un jour nadadoira, sans doute par horreur de piscina (mot pourtant déjà dans le lexique des troubadours)."
Remarque : J. Ubaud donne un exemple plus discutable : (DOGMO:78) : "On assiste à des snobismes
d'emploi de mots ultra-localisés, parce que très éloignés du français,
et des bannissements péremptoires de paroles
Par exemple, "Alpes-de-Haute-Provence" a été "traduit" en provençal par deux formes : Aups d'Auta Provença, qui est correcte ; Aups de Provença Auta, qui est à éviter. En effet Auta Provença est une appellation ancienne, voir TDF aut ; Prouvènço. Il est même probable que le français "Haute Provence" fût calqué sur le provençal Auta Provença. Pour Provença auta, on n'en trouve pas d'attestation dans l'œuvre de Frédéric Mistral. Le français a ainsi emprunté fidèlement certains termes provençaux, que certains ont fini par renier pour les remplacer par des néologismes provençaux. Cela est un exemple de lourde maladresse, due à un jugement rapide sans recherche documentée. Le même problème existe pour Aups Marinas, à proscrire pour employer Aups Maritims sans complexe.
Hélas ce genre de démarche hâtive est très fréquent, et c'est le devoir de lexique-provence de démêler l'écheveau de l'authentique et du falsifié. Voir ci-dessus se méfier des mauvaises sources.
En conclusion, la normalisation de la langue ne peut se faire que de façon méticuleuse et lente, en étudiant suffisamment les sources écrites et orales.
Remarque : L'utilisateur du site ayant de bonnes notions de provençal acquises « par la voie populaire » doit garder son esprit critique. Lexique-provence n'est pas parole d'évangile. Le lecteur peut en effet connaître des emplois de mots, ou des mots différents de ceux qui sont répertoriés ici. Il peut donc faire progresser le site, et il est encouragé à apporter son aide précieuse.