Voir carte et sa légende (un peu complexe à lire).
Le provençal est considéré, dans son sens commun actuel, comme un dialecte de la langue d'oc, au même titre que le vivaro-alpin, le languedocien, l'auvergnat, le limousin, le gascon.
Il est constitué de deux sous-dialectes : le bas-rhodanien et le maritime, dont la séparation géographique n'est pas nette ("zone d'interférences").
Le bas-rhodanien (ou simplement "rhodanien") est parlé dans un rectangle allongé nord-sud dont les quatre coins sont : Aigues-Mortes, Pont-Saint-Esprit, sommet du mont Ventoux, Fos-sur-Mer. Ce rectangle contient notamment Nîmes, Uzès, Bagnols-sur-Cèze, Arles, Avignon, Cavaillon, Carpentras.
Le maritime est parlé dans
une aire patatoïde allongée ouest-est, partant de l'étang de Berre, et
délimitée au nord par le cours du Verdon, le bas cours du fleuve Var
jusqu'à son embouchure touchant presque Nice, et au sud par toute la
côte pour revenir à Martigues et l'étang de Berre. Cette aire comprend
notamment Marseille, Aix-en-Provence, tout le département du Var avec
Toulon, et enfin Grasse.
La zone d'interférences
est un coin séparant les deux aires précédentes, dont la pointe se
trouve sur l'étang de Berre, et qui s'élargit vers le nord pour s'étaler
contre la ligne
ca/cha, limite nord du
provençal. Elle contient notamment Salon-de-Provence, Apt, Manosque et
Forcalquier.
Frédéric Mistral distinguait, au sein du dialecte provençal : les
sous-dialectes rhodanien, marseillais, alpin et le niçard (TDF à "dialèite").
Le marseillais est sûrement assimilable au maritime. (L'alpin doit être
assimilable à l'alpin décrit ci-dessous, donc il doit appartenir au
dialecte vivaro-alpin ci-dessous).
Le vivaro-alpin, autre dialecte, borde l'aire du provençal au nord.
Il est constitué de deux sous-dialectes : le nord-rhodanien et l'alpin.
La caractéristique principale du dialecte vivaro-alpin est la palatalisation
:
- de [ka] en [tʃa] : capra > chabra
- de [ga] en [dja] : gau > jau
Et souvent, il y a aussi palatalisation :
- de [ki] en [tʃi] : esquina > eschina
- de [gi] en [dji] : noguier > nogier
Voir "Du latin au provençal 1" ici.
La limite entre ces deux dialectes correspond donc à peu près à la ligne ca/cha.
Concernant le domaine d'étude de ce site, le vivaro-alpin est présent dans une petite frange du nord-Vaucluse.
Le vivaro-alpin a d'autres caractéristiques :
Affaiblissement du s en i devant
consonne. Le phénomène d'affaiblissement du s
devant consonne est général dans les parlers nord-occitans (voir Du
latin au provençal 1 ici).
On
peut conserver à l'écrit ce "s"
devant consonne (PCLO, source archivée ici, p. 40).
Exemple : desgatjar "dégager"
se prononce deigatjar [déygadja] en vivaro-alpin. On
peut écrire deigatjar (dans
une forme "etroite"), ou desgatjar
(dans une forme "référentielle").
L'aire du gascon est bien délimitée par plusieurs
Les départements concernés sont : trois quarts sud-ouest de 33, sud 47, marge sud-ouest 82, 40, 32, 64, 65, deux tiers sud-ouest de 31, ouest 09.
Pour les isoglosses, voir notamment CRGR:3-6.
Voir
L'aire du gascon est définie d'abord par l'isoglosse
făbă(m) > g haua "fève", voir carte 561 "fève" de l'ALF.
En gascon, b latin intervocalique >
făbă(m) > g haua "fève", voir ALF carte 561 "fève" ;
lavare > g lauar "laver", voir ALF carte0754 "laver".
(caballum > chibau : francisme, chabal : oriental ? voir ALF carte 269 "cheval")
-d- > -d- :
sūdārĕ > sudar "suer" (voir ALF carte 1263)
En finale :
nōdŭ(m) > not [n
crūdŭ(m), crūdă(m) > crut [krut], cruda [krudo/
-g- > -g- :
frāgă(m) > hraga, araga "fraise" (voir ALF carte 608 "fraise")
lĭgārĕ (forme līgārĕ) > ligar [liga] "lier" (voir ALF carte 767 "lier")
En finale :
fagu(m) > hac [haːk] (Pyrénées-Atlantiques) (voir ALF carte 690)
Voir sce, sci.
En gascon, sc latin > /
- pĭscĕm > g peish "poisson" /pé
- Auscii > g Aush "Auch", graphie sh, ish
PCLO:44 : "Lo grop sh se pronóncia [
Observacion — En gascon, lo ponch interior servís a distinguir sh
[
- de la même manière que pour sc
ci-dessus, ks > /
- cŏxăm > g cuesha "cuisse" (carte ALF 370 "cuisse") ;
- laxāre x dēlaxāre > g deshar "laisser" (carte ALF 745 "laisser") ;
Mais sĕx > siés, sheis... "six" (carte ALF 1235).
- -ĕllŭm > -et [ét] (changement de suffixe ?) :
- aucĕllŭm > g auset/audet "oiseau";
- flăgĕllŭm > g (e)hlaiet carte ALF 580 "fléau" de:;
- nŏvĕllŭm > g nauet [nawét], voir carte ALF 923 "du vin nouveau" de bin nauet, nobet...
En gascon, qu d'origine latine et gu
d'origine germanique ont conservé la composante [
- g quèrre [kwèré] "chercher" (TDF "quouerre"), voir carte ALF 22 "aller chercher" ;
- g guaire [gwayré] "guère", g [wayré] form.étroit. uaire "guère" (TDF "gouaire, ouaire"), voir carte ALF 673 "guère" ;
- g guarir [gwari] "guérir", voir carte ALF 674 "il est guéri".
(Cela rejoint certaines formes fr-pr Val uarir [wari], uerir [wéri], vuarir [vwari] "guérir").
negre / negue ; lèbre / lèbe,
(à continuer).